samedi, octobre 17, 2009

Les pannes de courant se multiplient

Les pannes de courant se multiplient

Les coupures d’électricité sont de plus en plus fréquentes dans le pays qui est le 5e exportateur mondial de pétrole. L’opposition au président Hugo Chavez accuse l’entreprise nationalisée d’incurie

Pour nombre de Vénézuéliens, c’est devenu une routine pesante. En début d’après-midi, ou plus tard en soirée, les pales de ventilateur ralentissent soudain, la telenovela laisse place à un écran noir, le réfrigérateur tousse et s’éteint. Au pays de l’or noir socialiste, cinquième exportateur mondial de brut, les habitants de plusieurs régions endurent ces coupures d’électricité avec une patience de plus en plus émoussée.

Dans la capitale régionale de Puerto La Cruz, des manifestants ont barré la semaine dernière les portes de l’entreprise publique d’électricité, Corpoelec, d’affiches marquées du slogan «Fermée pour inefficience». Ailleurs, des usagers ont brûlé leurs factures face au siège de l’organisme. «J’ai abîmé un frigo et un ordinateur à cause des coupures à répétition, et l’entreprise me facture toujours autant», explique une étudiante, Zulimar Castro, dans la presse locale.

Depuis dix-huit mois, elle a appris à vivre «avec une bougie à portée de main» pour faire face aux coupures surprises – l’une d’elles a plongé 70% du pays dans le noir pendant dix heures. Aujourd’hui, les responsables de Corpoelec évoquent ouvertement un «rationnement» organisé. C’est désormais officiel: deux ans et demi après la nationalisation des dernières entreprises privées du secteur électrique, et leur fusion au sein de la nouvelle entité publique, la production d’énergie vénézuélienne n’est plus à la hauteur de la demande.

«Cubanisation» du pays

Dans les régions affectées, l’opposition au président «révolutionnaire» Hugo Chavez raille une «cubanisation» du pays. «La centralisation et la nationalisation ont provoqué un manque d’investissements et d’entretien préventif», attaque une députée locale, Marianela Fernandez.

Les proches de Hugo Chavez se défendent en invoquant «la croissance disproportionnée de la demande»: de 7 à 8% par an, selon Francisco Rangel, gouverneur d’un des Etats les plus affectés. Pendant la flambée des cours du brut, des flots de pétrodollars se sont déversés dans les poches des consommateurs, grâce à des programmes sociaux et des crédits inférieurs à l’inflation, dopant les achats d’appareils électroménagers. Les grands travaux publics, avec l’édification de lignes de métro dans la plupart des métropoles, ont alourdi la facture. Et encore certaines brèches ont-elles été colmatées: la distribution gratuite de 68 millions d’ampoules fluocompactes, entamée en 2006, aurait permis de réduire de 5,5% les dépenses électriques actuelles.

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