La violence à Rio inquiète les organisateurs des Jeux olympiques
Deux semaines après la désignation de la ville hôte de JO, le bilan des accrochages entre police et narcotrafiquants est édifiant
Une semaine meurtrière s’achève à Rio. Le bilan provisoire des accrochages entre forces de l’ordre et trafiquants de drogue est de 33 morts (trois policiers, trois civils, 27 suspects), et 41 arrestations.
La police poursuit ses opérations dans les favelas pour réprimer le trafic de drogue et retrouver les auteurs des violences qui ont éclaté deux semaines seulement après la désignation de la ville comme hôte des Jeux olympiques en 2016. Avec, pour point d’orgue, un fait d’une audace inédite: les caïds ont réussi à abattre un hélicoptère de la police, tuant trois des cinq hommes présents à bord.
Tout a commencé le samedi 17 octobre à l’aube, lorsque deux favelas voisines sont entrées en guerre. «Le Commando rouge», gang qui contrôle la première, est parti à l’assaut de la seconde, tenue par «Les amis des amis». Objectif: «prendre» les points de vente de drogue qui s’y trouvent.
Aucune grande ville brésilienne n’est épargnée par une violence qui atteint des niveaux parmi les plus élevés du monde. Mais le taux d’homicides dans l’Etat de Rio, 33 pour 100 000 habitants, est trois fois plus élevé que dans celui de São Paulo, pourtant beaucoup plus peuplé.
Si, à São Paulo, un seul gang règne en maître sur le trafic de drogue, à Rio, ils sont trois – fortement armés – à se disputer dans le sang ce fonds de commerce. Les points de vente de stupéfiants se situent dans les favelas, à la faveur du vide laissé par l’Etat dans ces poches de misère. Ce qui explique les invasions du territoire de l’ennemi. Pour l’anthropologue Alba Zaluar, coordinatrice du Centre de recherche sur la violence à l’Université de l’Etat de Rio de Janeiro, les derniers événements révèlent les «failles anciennes» des politiques de sécurité publique. «Les autorités de Rio misent davantage sur la répression que sur la prévention, explique-t-elle. Ça change, mais il reste beaucoup à faire.»
Si la guerre pour les points de vente de la drogue n’a rien de nouveau à Rio, elle s’est intensifiée ces derniers mois. Pour certains, c’est le résultat d’une nouvelle stratégie qui tend à réduire le territoire sous l’emprise des caïds: l’installation d’unités permanentes de police dans des favelas dominées par ces derniers. Reste que cette expérience – réussie – ne concerne encore que quatre des 43 favelas visées par le programme (la ville en compte près d’un millier).
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