dimanche, janvier 11, 2009

Hugo Chavez veut faire supprimer les limites à sa réélection

Hugo Chavez veut faire supprimer les limites à sa réélection

Vincent Taillefumier Bogota

Le parlement approuve une modification de la Constitution pour permettre la réélection illimitée pour tous les mandats politiques

Dix ans de pouvoir n’ont pas lassé Hugo Chavez. Le président socialiste vénézuélien, actuellement empêché par la Constitution de briguer un troisième mandat en 2012, a obtenu l’adoption par le parlement d’un projet de référendum qui lèverait toute limite à sa réélection. Mercredi soir, l’écrasante majorité des 167 députés a approuvé à main levée le texte de la réforme, balayant les protestations isolées des huit seuls élus opposants.

Dans les rues, des étudiants d’universités privées ont sorti des banderoles pour rejeter la décision: «Respecte la volonté du peuple, non c’est non!» En décembre 2007, les électeurs avaient en effet refusé par une courte majorité un paquet d’articles prévoyant, déjà, cette réélection illimitée. Ils devront cette fois-ci se prononcer sur ce seul point, dans un délai de trente jours.

Le chef de l’Etat veut faire vite. L’autorité électorale, dominée par ses partisans, a déjà assuré qu’elle soumettrait le texte à une simple «révision méthodologique», et qu’elle se passerait de la traditionnelle actualisation des listes électorales. Même s’il jouit toujours d’une image favorable dans l’opinion, Hugo Chavez perd du terrain peu à peu. Il a vu en novembre dernier l’opposition remporter les régions les plus peuplées et industrialisées lors d’élections locales, et lui rafler la capitale, Caracas.

La corruption et l’insécurité, qui a fait de cette ville la deuxième plus dangereuse du continent, sont devenues, selon plusieurs enquêtes, la principale préoccupation des Vénézuéliens. Les députés «parlent des caprices présidentiels mais pas des morts qu’il y a toutes les semaines à Caracas», s’emportait mercredi Rafael Bello, un dirigeant étudiant opposant.

Loin des facultés privées, le président peut compter sur la popularité des «missions», ses plans sociaux qui apportent santé, éducation, nourriture et formation aux classes populaires. En près de sept heures d’intervention retransmise sur toutes les chaînes, il en a vanté mardi les effets: une proportion de la population vivant sous le seuil de pauvreté ramenée de 48,7 à 31% en dix ans, l’indice d’inégalité le plus bas du sous-continent… Dans cette marche vers le «socialisme du XXIe siècle», «il serait dangereux de changer le capitaine au milieu du voyage», a-t-il conclu.



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