
Le Brésil veut changer les règles de répartition des profits pétroliers
Le Brésil, nouvelle frontière pétrolière? Depuis l'an dernier, la compagnie brésilienne Petrobras, détenue à 40% par l'Etat, a annoncé la découverte de plusieurs gisements très prometteurs au large de l'Atlantique.
Certaines estimations font état de réserves de 70 milliards de barils, ce qui ferait du pays un grand exportateur de pétrole.
Petrobras, pour sa part, n'a avancé d'estimations que pour deux champs: l'un, baptisé Tupi, renfermerait 5 à 8 milliards de barils de pétrole léger (de meilleure qualité) récupérables. L'autre, appelé Iara, 3 à 4 milliards de barils, a annoncé mercredi la compagnie. A eux seuls, Tupi et Iara pourraient quasiment doubler les réserves prouvées du Brésil (13,9 milliards de barils).
La semaine dernière, le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva a inauguré, sur fond de nationalisme, le projet pilote d'extraction de ces nouveaux gisements sur le champ de Jubarte, dans l'Etat d'Espirito Santo.
La tâche est délicate car ils se situent à environ sept mille mètres de profondeur, sous une épaisse couche de sel.
Régime de partage
Les réserves n'étant toujours pas connues, le coût d'exploitation reste un mystère. La banque UBS Pactual parle de 635 à 1300 milliards de dollars, selon le volume de pétrole extrait, entre autres variantes. Petrobras de son côté devrait annoncer bientôt les investissements prévus.
La compagnie assure que tous les tests réalisés sur les nouveaux gisements sont positifs et que le risque de ne pas y trouver de pétrole est donc quasiment nul.
Du coup, Lula veut changer les règles de division des profits à en retirer, qui doivent selon lui servir à investir dans l'éducation, et non pas «rester entre les mains d'une demi-douzaine d'entreprises».
Le président a chargé une commission ministérielle d'étudier un nouveau modèle d'exploitation. Actuellement, l'Etat octroie des concessions payantes à des entreprises privées, notamment étrangères. La production appartient à ces dernières, qui reversent des royalties d'un maximum de 10% et paient un impôt supplémentaire allant jusqu'à 40%, si le montant produit est élevé. Deux possibilités sont à l'étude: relever cet impôt ou bien instaurer un régime de partage de la production entre le secteur privé et l'Etat.
Selon Lula, cette alternative permettrait à l'Etat de conserver une part accrue de la manne pétrolière. Elle exigerait la création d'une nouvelle entreprise, intégralement publique celle-ci, qui serait propriétaire des réserves et les exploiterait en partenariat avec des compagnies privées. Ces dernières préfèrent en revanche le maintien du modèle actuel de concessions, quitte à payer plus d'impôts. A leurs yeux, un modèle qui ne serait pas assez attirant pour le secteur privé ferait fuir les investissements alors que l'Etat n'aura pas de quoi assumer tout seul le coût d'exploitation des nouveaux gisements.
Certains économistes, eux, mettent en garde contre les risques pour l'industrie nationale. L'afflux de devises découlant d'exportations accrues de pétrole risquerait de valoriser encore plus le real, la monnaie du Brésil, minant ainsi la compétitivité de certains secteurs exportateurs.
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