
Crise diplomatique entre Washington et La Paz
Evo Morales, allié du président vénézuélien Hugo Chavez, a réclamé mercredi le départ de l'ambassadeur des Etats-Unis, Philip Goldberg, accusé de fomenter la "division de la Bolivie".
"Celui qui cherche la division de la Bolivie, c'est l'ambassadeur des Etats-Unis", a lancé le président. "Sans avoir peur de l'empire (les Etats-Unis), je déclare M. Goldberg persona non grata", a-t-il ajouté. A Washington, un porte-parole du département d'Etat, Gordon Duguid, a qualifié ces accusations d'"infondées".
Manifestations violentes
Evo Morales, premier président indigène de l'histoire de la Bolivie, tenant de l'anti-libéralisme, est confronté depuis des mois à la fronde de cinq des neuf gouverneurs provinciaux. Ces derniers refusent un projet de constitution qui doit être soumis à un réferendum en décembre et réclament la reconnaissance des autonomies régionales.
Depuis mardi, des manifestations émaillées de violences, notamment de la part de groupes étudiants, ont éclaté dans les provinces de Santa Cruz, dans l'est du pays, et à Tarija (sud), en soutien aux gouverneurs autonomistes de ces régions.
Le gouvernement de gauche, qui doit faire face à de violentes manifestations de l'opposition, a dénoncé une "menace de guerre civile" de la part de "groupes fascistes".
Soutien vénézuélien
Rapidement, Hugo Chavez a apporté son soutien au dirigeant bolivien. "Le président Morales se trouve à la tête de son peuple, défendant la souveraineté de la Bolivie et nous serons avec lui", a-t-il assuré.
L'ambassadeur américain était depuis plusieurs mois dans la ligne de mire des autorités. Il n'a pas spécialement "le profil bas et incarne une diplomatie dure", a déclaré à l'AFP Hervé Do Alto, chercheur basé à La Paz, estimant que la décision de le déclarer persona non grata faisait partie d'"un processus qui n'a rien de surprenant".
A plusieurs reprises, le gouvernement s'en était pris à l'ambassadeur à propos du rôle que les Etats-Unis entendent jouer dans la lutte contre la culture de la coca, qui sert à la fabrication de la cocaïne.
Le gouvernement a été particulièrement irrité par une récente rencontre entre l'ambassadeur des Etats-Unis et le gouverneur de Santa Cruz, Ruben Costas, le plus farouche opposant libéral au président Morales. "On lui reproche aussi des réunions privées à Santa Cruz", ajoute un diplomate à La Paz.
Poursuite des protestations
L'opposition bolivienne a poursuivi mercredi son mouvement de protestation contre la politique d'Evo Morales. Une explosion, qualifiée d'"acte terroriste" par les autorités, a endommagé mercredi un gazoduc du sud de la Bolivie alimentant le Brésil.
Des groupes de jeunes manifestants ont par ailleurs provoqué l'arrêt de la livraison de gaz naturel à l'Argentine et partiellement au Brésil, en occupant une station de pompage d'un gazoduc du sud de la Bolivie.
Le porte-parole du gouvernement, Yvan Canelas, a accusé les gouverneurs régionaux opposés au président Morales de "chercher la guerre civile", mais il a écarté une éventuelle déclaration de l'état de siège.
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