Chavez fait fermer les radios «putschistes»
L’opposition perd des stations emblématiques et dénonce une mesure politique prise sous des prétextes administratifs. La télévision opposante Globovision est menacée de perdre sa licence
La clameur est montée de la foule, samedi, dans le centre de Caracas. «Fermez les médias putschistes!» Les partisans du président Hugo Chavez applaudissaient le bras droit du chef d’Etat «révolutionnaire»: Diosdado Cabello, ministre chargé des télécommunications, venait d’annoncer la prochaine fermeture de 29 nouvelles stations de radio. Joint par téléphone en Iran, Hugo Chavez s’est réjoui en direct.
Officiellement, les médias incriminés disparaîtront des ondes pour des «irrégularités» administratives détectées par leur organe de contrôle, Conatel, lors d’un recensement réalisé en juillet. L’organisme a frappé vite et fort: le mois dernier, un premier groupe de 32 radios et deux télévisions régionales a déjà été frappé d’interdit.
Globovision menacée
Parmi elles, les auditeurs opposants regrettent CNB, station dont la virulence anti-Chavez frayait régulièrement avec l’injure, et d’autres liées à des figures du centre droit. «Ce sont des décisions clairement politiques», protestait mardi le directeur de CNB, Nelson Belfort. Bien des radios affectées affirment avoir sollicité depuis dix ans à Conatel, en vain, les documents permettant de se mettre en règle.
«Nous ne faisons que démocratiser les ondes», s’est défendu samedi Diosdado Cabello – ses fonctionnaires affirment que 80% des stations étaient jusqu’ici contrôlées par 32 familles. Il s’est aussi attaqué à Globovision, chaîne d’information câblée opposante, qui rivalise de mauvaise foi avec ses concurrentes publiques «chavistes». Après avoir diffusé la semaine dernière en bandeau un message de texte d’un téléspectateur «appelant au putsch et à l’assassinat», selon le ministre, la chaîne est sous le coup d’une sixième procédure administrative, qui pourrait aboutir à sa suspension.
Applaudi à la Mostra
Pour le militant des droits de l’homme Carlos Correa, cette guerre aux médias de l’opposition «prépare le terrain avant les élections législatives de 2010», où la super-majorité parlementaire du président est menacée.
Après cinq ans de prospérité pétrolière, le pays a subi au deuxième trimestre une contraction de son PIB, et l’inflation est à plus de 23%. Le gouvernement est stigmatisé dans la lutte contre la corruption et la violence, l’emploi, le logement… Pour l’instant, la figure du Comandante n’est toujours pas affectée. Adulé par le cinéaste Oliver Stone, qui l’a fait applaudir à la Mostra de Venise après la projection d’un documentaire hagiographique, Hugo Chavez conserverait aussi l’estime de presque 60% de ses compatriotes. Mais l’opposition compte se mobiliser. Les prochains mois seront plus difficiles, pour Hugo Chavez, qu’une montée des marches à Venise.
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