
Le Brésil monte en puissance
Le président Luis Inacio Lula da Silva donne de la voix dans la crise hondurienne. Depuis quatre ans, sa diplomatie «Sud-Sud» gagne en intensité
Quand Manuel Zelaya a été expulsé du Honduras sous la menace des fusils le 28 juin, peu de chefs d’Etat l’ont soutenu avec autant de verve que son ami et mentor Hugo Chavez, qui parlait d’envoyer ses troupes contre les putschistes. Mais quand Manuel Zelaya est revenu en catimini lundi à Tegucigalpa, ce n’est pas à l’ambassade du Venezuela qu’il s’est réfugié, mais à celle du Brésil.
«Arbitre de la crise»
Et mercredi, tandis que le président par intérim du Honduras Roberto Micheletti, visiblement embarrassé, se disait «prêt à dialoguer avec monsieur Zelaya pour autant qu’il accepte explicitement l’élection présidentielle» prévue pour le 29 novembre, c’est Luiz Inacio Lula da Silva qui a exigé devant l’Assemblée des Nations unies que son homologue hondurien déchu soit immédiatement rétabli dans ses fonctions.
«Demander asile au Brésil montre que Zelaya considère cet Etat comme l’arbitre de la crise – et non les Etats-Unis ou le Costa Rica (ndlr: dont le président Oscar Arias intervient comme médiateur). Il joue son va-tout sur le pays en qui il croit le plus pour lui rendre sa place. C’est la preuve tangible d’un glissement de pouvoir dans la région», dit Eric Farnsworth, du bureau de consultants Conseil des Amériques, cité par le Christian Science Monitor.
Le président Lula lui-même déclarait récemment à l’AFP: «Je pense que le Brésil va devenir une grande puissance au XXIe siècle.» Il serre la main de Gordon Brown, Nicolas Sarkozy et d’Elisabeth II – entre autres. Au G20 de Londres début avril, Barack Obama l’a affectueusement apostrophé d’un «My man»!
Mais plus qu’au nord, c’est dans l’hémisphère Sud qu’il tisse sa toile. «Aero-Lula», comme l’a surnommé ironiquement la presse brésilienne, a visité 45 pays ces trente derniers mois. Brasilia a ouvert 35 nouvelles ambassades depuis 2003, la plupart en Afrique et dans les Caraïbes. Si son budget militaire reste modeste (1,5% du produit intérieur brut, quatre fois moins en proportion que celui de la Chine), le Brésil a récolté des louanges pour sa mission de maintien de la paix à Haïti. Lula affirme d’ailleurs que le rôle de son pays est celui «d’un conciliateur et d’un pacificateur».
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