Les présidents mettent la pression sur les alters!
Paru le Samedi 31 Janvier 2009MEETING - Cinq chefs d'Etat historiquement liés aux mouvements sociaux étaient invités jeudi à Belém, en marge du Forum social.
L'événement était attendu, il n'a pas déçu: la rencontre, jeudi soir, de cinq chefs d'Etat de la gauche sud-américaine avec la foule des altermondialistes réunis à Belém a donné lieu à un meeting surchauffé, au moment où le mouvement social débat âprement de son rapport à la politique institutionnelle. Pour le Vénézuélien Hugo Chávez, l'heure est pourtant à «l'offensive contre le capitalisme libéral»: «ce n'est pas un temps pour les tranchées», a estimé l'ancien militaire. Un message mobilisateur relayé sur des tons divers par les présidents du Brésil Lula da Silva, de Bolivie Evo Morales, d'Equateur Rafael Correa et du Paraguay Fernando Lugo. Devant 10000 personnes massées dans le Palais des Congrès de Belém, Hugo Chávez a rappelé que le FSM a été dans ses premières années «le bastion de la résistance à l'offensive libérale». Pour retrouver ce rôle à l'avant-garde, les mouvements sociaux doivent «mieux s'articuler» et porter des «propositions alternatives», a-t-il expliqué. Affirmant que le socialisme offre «l'unique chemin pour sauver la planète», le leader bolivarien a rappelé que Porto Alegre, en 2003, avait été la première à résonner d'un appel au renouveau du socialisme lancé par... lui! «A Davos, en Suisse, se réunit le monde qui meurt, ici le monde qui naît», avait-il déclaré peu après son arrivée à Belém. «Si les peuples du monde ne sont pas capables d'enterrer le capitalisme, le capitalisme enterrera la planète», a renchérit Evo Morales, saluant cet «autre monde qui ne se résigne pas». Le président bolivien et syndicaliste cocalero a proposé le lancement de quatre campagnes mondiales prônant une réforme du Conseil de sécurité, un nouvel ordre économique mondial, la défense de l'environnement et le respect de la diversité culturelle avec la feuille de coca comme emblème. «Nous devons en finir avec la monarchie des Nations Unies; il n'est pas possible qu'un pays ait davantage de pouvoir que 190. Le droit international doit être appliqué de la même façon pour tous», a-t-il réclamé. Absent de Davos cette année, Lula s'est montré également critique par rapport aux puissances occidentales: «Le monde développé nous disait ce que nous devions faire en Amérique latine. Ils semblaient infaillibles et nous incompétents. Ils nous ont dit que le marché développerait les pays. Et ce marché a fait faillite par manque de responsabilité et de contrôle», a-t-il rappelé. Sifflé en 2005 lors de son ultime apparition au FSM, à Porto Alegre, le président brésilien en fin de mandat a paru réconcilié avec les activistes sociaux. Pas moins de treize ministres de son gouvernement étaient annoncés à cette 8e édition du FSM, la 5e à se tenir au Brésil. La soirée a d'ailleurs souligné la forte imbrication entre mouvements populaires et gouvernements progressistes. Ainsi M.Morales a revendiqué sa place dans le Forum «tout comme avant d'être élu» Le chef de l'Etat paraguayen, dernier élu en date des présidents de gauche avec l'appui d'un mouvement paysans indigène, s'est dit «persuadé que les grands changements ne pouvaient être garanti qu'avec l'appui des mouvements populaires».
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