mercredi, février 11, 2009

Chávez demande encore dix ans pour «consolider le socialisme»

   BENITO PEREZ    

InternationalRÉFÉRENDUM - Les Vénézuéliens diront dimanche s'ils acceptent que le leader bolivarien puisse solliciter un troisième mandat en 2012. 
L'enjeu paraît avoir mobilisé les militants bolivariens. Des centaines de milliers de partisans d'Hugo Chávez ont clos jeudi après-midi, dans les rues de Caracas, la campagne en faveur du «oui» à la réforme constitutionnelle. Ce texte soumis dimanche aux suffrages permettrait à leur favori de se représenter à l'élection présidentielle de décembre 2012. «Le coeur me le dit, vous n'allez pas me faire défaut dimanche 15, comme jamais je ne vous ai fait défaut», a assuré le chef de l'Etat à la foule compacte des militants du Parti socialiste uni du Venezuela. Mais le message émotionnel était surtout destiné aux quelque deux millions d'électeurs habituels du «chavisme» qui, en décembre 2007, avaient boudé les urnes lors d'une première tentative de réforme institutionnelle. Attribuant cet échec de justesse (51% de «non») à un paquet constitutionnel jugé confus, M. Chávez a décidé de revenir à la charge sur le seul thème des mandats électifs. Dimanche, les 17 millions de Vénézuéliens appelés aux urnes devront simplement dire s'ils acceptent ou non d'abroger la limite des deux mandats consécutifs pour tous les élus, qu'ils soient nationaux, municipaux ou régionaux. 


Alternance entravée?

«Plus démocratique», car elle offre «plus de liberté de choix aux électeurs», la non-limitation est présentée, par le gouvernement, comme le pendant institutionnel du «référendum révocatoire». Depuis l'instauration de la Constitution bolivarienne en 2000, tout élu vénézuélien peut, en effet, être renvoyé par le corps électoral dès la moitié de son mandat. 
En face, l'opposition présente la réforme comme la prémisse d'une «présidence à vie» pour le quinquagénaire Hugo Chávez, au pouvoir depuis 1999. Traduisant «fin de la limitation» par «présidence illimitée», les anti-Chávez assurent que cette réforme «attente à l'alternance» politique et serait par conséquent «antidémocratique». 
Bien qu'il jouisse d'une forte popularité, le président sait l'issue du scrutin incertaine. Les sondages prédisent tous une victoire de la réforme, mais signalent également un nombre très élevé d'indécis. D'où l'impératif absolu de mobiliser les plus tièdes des «chavistes», notamment en relevant les risques que ferait courir un retour de la droite aux fameuses «missions» sociales du gouvernement (lire ci-contre). 
Bien que le mandat de M. Chávez coure jusqu'en janvier 2013, le leader bolivarien joue gros dimanche, tant une seconde défaite dans les urnes affaiblirait son pouvoir d'initiative. Et ce au moment où l'Etat voit ses importants revenus pétroliers fondre sous l'effet de la crise mondiale. 


Encore dix ans

A l'instar des analystes politiques conservateurs, le président semble, en outre, sceptique quant aux chances de voir la gauche se maintenir au gouvernement après 2012 si elle était privée de son charismatique leader. L'échec aux régionales de 2008 de deux de ses successeurs potentiels, Diosdado Cabello (Etat de Miranda) et Aristóbulo Iztúriz (Caracas), en témoignerait. 
Jeudi, devant la foule de ses partisans, Hugo Chávez a assuré avoir encore besoin de dix ans pour «consolider les bases» du socialisme. «Ensuite, je serais le premier à faire un pas de côté», a-t-il promis, avant de scander sous les ovations des manifestants: «Mais d'ici là: 'Uh! Ah! Chávez ne s'en va pas!'»

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