Caracas attend le frère russe Medvedev
Le chef du Kremlin a entamé une tournée dans l'arrière-cour américaine. Il sera reçu ce mercredi par le président Chavez.
Presque vingt ans après l'effondrement de l'Union soviétique et le lâchage de Cuba, la Russie revient «en Amérique latine pour toujours». La promesse, lancée le mois dernier par le Ministère russe des affaires étrangères, a été directement assumée par le président Dmitri Medvedev, qui a entamé lundi sur le continent une tournée inédite, qui doit le mener à quelques encablures des eaux américaines.
L'étape la plus controversée se déroulera ce mercredi, chez le socialiste vénézuélien Hugo Chavez, héraut anti-américain. Première de ce niveau dans l'histoire des deux pays, la visite coïncide avec l'arrivée dans les eaux caribéennes du navire à propulsion nucléaire Pierre le Grand, escorté de plusieurs bâtiments russes. Cette flotte effectuera des opérations militaires conjointes avec les Vénézuéliens, sous le nez de Washington.
«La Russie veut montrer que, si nous [les Etats-Unis] prenons des décisions qu'elle considère menaçantes dans le Caucase, elle étendra sa présence dans notre arrière-cour», a analysé dans la presse du continent le conservateur Dimitri Simes, du Centre Nixon. Le déploiement russe, perçu comme une réplique à l'envoi de bâtiments américains chargés d'aide humanitaire pour la Géorgie en août, sera le premier du genre dans la région depuis la Guerre froide.
Parallèlement, le Kremlin utilise ses militaires comme des représentants sur tout le continent, pour dynamiser des échanges commerciaux qui croissent déjà de 30% par an. Caracas, qui a commandé depuis 2005 près de 4 milliards de dollars d'armement à la Russie, envisage ainsi d'allonger encore sa liste d'emplettes... au cas où «les Américains voudraient venir chercher notre pétrole», justifie le général vénézuélien Jesus Gonzalez.
Au Pérou, où Dmitri Medvedev a participé au cours du week-end à la clôture du sommet Asie-Pacifique à quelques mètres de George Bush, Moscou devrait installer le premier atelier de maintenance du continent pour les hélicoptères de guerre made in Russia. La Bolivie compte de son côté sur l'aide militaire russe pour pallier le départ de l'agence antidrogue américaine, la DEA, expulsée par le président socialiste Evo Morales. Enfin, à La Havane, Raul Castro entérinera jeudi avec son homologue le rétablissement de relations «traditionnellement amicales», en recevant l'aide de l'ancien grand frère soviétique en matière de défense antiaérienne. Sur le terrain politique, il a déjà obtenu l'appui insistant de Moscou pour mettre fin au blocus américain.
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