Morales met sa tête sur le billot et ses opposants prennent peur
Paru le Samedi 17 Mai 2008BOLIVIE - En adhérant au projet de référendum révocatoire proposé par Evo Morales, la droite sénatoriale fissure l'opposition.
L'opposition bolivienne s'est-elle tiré une balle dans le pied? Bien que contrôlé par les partis nationaux anti-gouvernementaux, le Sénat a donné son accord à la tenue, le 10 août prochain, d'un référendum révocatoire mettant en jeu non seulement le mandat présidentiel, mais également ceux des préfets départementaux. Furieuse, l'opposition régionaliste parle d'un «autogoal» commis par Podemos (droite) et Unité nationale (centre), habituellement alliés aux autonomistes de l'Est. Elle craint qu'un tel scrutin national ne jette le doute sur les consultations autonomistes du 4 mai à Santa Cruz et prévues en juin à Tarija, Beni et Pando. Particularité des référendums révocatoires du 10 août: tout élu affligé d'un pourcentage de rejet supérieur à celui obtenu lors de son élection en 2005 devra quitter son poste. Ainsi Evo Morales, élu par plus de 53% des votants, pourra se contenter de moins de 47% de soutiens pour conserver son poste. Avec près de 60% d'opinions favorables dans les sondages, le leader aymara envisage donc son avenir avec sérénité. Tel n'est pas le cas, en revanche, de plusieurs préfets de l'opposition, élus à des majorités relatives grâce aux divisions de la gauche. Sont particulièrement en danger le populiste Manfred Reyes Villa, préfet de Cochabamba, et celui de La Paz, José Luis Paredes (Podemos). A droite, seul le populaire préfet de Santa Cruz, Rubén Costas, semble sûr de conserver son poste. Le risque, pour la droite, est désormais de voir un gouvernement relégitimé dans un scrutin incontestable. Car contrairement à la votation autonomiste du 4 mai à Santa Cruz, le vote du 10 août sera organisé par les autorités électorales compétentes et observé par une vingtaine d'organismes étrangers.
Tant qu'à aller aux urnes, «nous devrions tous renoncer à nos charges et organiser des élections générales», a aussitôt réagi Manfred Reyes Villa, rejoint par Rubén Costas, mais pas par le préfet de Pando, Leopoldo Fernández...
Au sein de Podemos, également, les couteaux s'aiguisent. Le chef du parti de droite, Jorge «Tuto» Quiroga, est ouvertement accusé d'avoir provoqué le référendum révocatoire national uniquement pour faire de l'ombre aux leaders régionaux et se replacer en vue des prochaines élections... A contrario, d'autres s'élèvent pour dénoncer la stratégie autonomiste adoptée par l'opposition, dont le demi-échec du référendum du 4 mai (faible participation) montrerait les limites. De premières fissures au sein du bloc oppositionnel que le gouvernement ne manquera pas d'exploiter. Celui-ci a d'ailleurs rouvert dès lundi le processus de dialogue national visant à retoucher le projet de Constitution et d'y intégrer davantage d'autonomie départementale. Tenues sous les auspices de l'Organisation des Etats américains (OEA), ces discussions ont toutefois été boycottées par les préfets des quatre départements de l'est.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire