L'étoile pâlissante du président Hugo Chavez
La réponse agressive du chef d'Etat à un raid colombien anti-guérilla en Equateur a provoqué l'incompréhension, qui est encore renforcée par les pénuries alimentaires.
Les derniers roulements de mécaniques d'Hugo Chavez n'auront pas provoqué l'union sacrée de ses concitoyens. Quand le président vénézuélien a décrété l'envoi de dix bataillons de blindés sur la frontière avec la Colombie, la semaine dernière, ses accents guerriers ont sonné creux. Près de la Colombie, des manifestations binationales ont été organisées «pour la paix», et l'opposition a organisé un rassemblement à Caracas, pour la réconciliation avec le «peuple frère». «Personne ne se sentait agressé par la Colombie, tout s'est passé en Equateur», rapporte l'analyste Rafael Zanoni.
C'est après la mort du chef guérillero Raul Reyes, le 1er mars, dans un raid colombien en Equateur, qu'Hugo Chavez avait ordonné la mobilisation de troupes pour prévenir toute incursion du même genre. Mais Caracas, Quito et Bogota se sont finalement réconciliés lors du sommet du Groupe de Rio, vendredi à Saint-Domingue.
Peur d'une dérive autocrate
Heureusement: en cas de guerre, le président «aurait risqué de se faire renverser, se hasarde l'analyste militaire Cesar Restrepo. Il faut un pays uni pour faire une guerre.» Or, Hugo Chavez semble avoir perdu son écrasante majorité. Il n'a pas récupéré de terrain depuis le référendum du 2 décembre dernier, où il avait subi sa première défaite électorale en 9 ans. Sa réforme constitutionnelle, qui prévoyait une extension des pouvoirs présidentiels et des limitations à la propriété privée, lui avait fait subir de lourdes défections. «Le projet socialiste radical et la dérive autocrate ont fait peur à ses propres partisans», juge Rafael Zanoni.
Beaucoup se méfient maintenant du nouveau Parti socialiste uni du Venezuela. Voulue par Chavez pour unir ses troupes, la structure balbutiante est écrasée par l'ombre du Commandeur: le président y est, en dernier ressort, le seul chef. Nombre de sympathisants s'en sont détournés pour une préoccupation plus terre à terre: trouver du lait ou du poulet, suivant les périodes de pénurie.
Le manque récurrent d'aliments de base, qui frappe le pays depuis l'an dernier, préoccupe en effet bien davantage les habitants du pays pétrolier que les agissements de Bogota contre la guérilla, comme en témoigne la blague improvisée par les Vénézuéliens lors des mouvements de troupe. «Tu pars à la frontière?» demande une mère à son fils conscrit. «Alors, ramène des œufs et du lait!»
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