Le Venezuela décide de passer aux actes et coupe les robinets à Exxon Mobil
L'entreprise publique PdVSA agit en représailles après le gel d'une partie de ses avoirs dans un différend avec le groupe américain. Hugo Chavez veut montrer sa force aux multinationales et à son électorat faiblissant.
Cette fois-ci, le président vénézuélien Hugo Chavez veut passer aux actes. Mardi soir à Caracas, l'entreprise pétrolière publique PdVSA, dirigée par le ministre de l'Energie, a annoncé dans un communiqué la suspension de «toute relation commerciale et d'approvisionnement» avec Exxon Mobil, comme une mesure de «réciprocité». Le groupe nord-américain avait obtenu la semaine dernière d'une cour britannique le gel d'avoirs de PdVSA, à hauteur de 12 milliards de dollars.
Les biens doivent servir de garantie en attendant qu'un tribunal d'arbitrage règle le différend qui oppose les deux entreprises depuis une semi-nationalisation, en mai 2007. PdVSA avait alors pris le contrôle majoritaire d'exploitations dans la bande de l'Orénoque, gisement de pétrole lourd le plus prometteur du monde.
Aujourd'hui, les représailles vénézuéliennes laisseraient notamment en suspens le fonctionnement de la raffinerie de Chalmette, en Louisiane, détenue à égalité avec Exxon. C'est surtout la première mesure concrète depuis que Chavez a menacé, ce week-end, de «ne plus envoyer de pétrole aux Etats-Unis». La bravade, maintes fois répétée, affecterait davantage Caracas que Washington: les Etats-Unis achètent au Venezuela la moitié de sa production, mais cela ne représente que 10% de leurs achats.
Cette «guerre économique» survient à un mauvais moment pour PdVSA. En pleine expansion, l'entreprise multiplie les investissements d'infrastructure à l'étranger. Pour les financer, elle a prévu d'émettre de nouveaux bons pour presque 10 milliards de dollars, ce qui triplerait sa dette par rapport à 2005. En mal de trésorerie, le groupe public a imposé à ses clients des paiements à 8 jours, contre 30 auparavant.
En passant malgré tout à l'offensive, le gouvernement d'Hugo Chavez peut prévenir d'autres actions d'entreprises. L'Américaine Conocco Phillips et l'Italienne Eni ont aussi recours à un tribunal d'arbitrage dans le différend de l'Orénoque, malgré des négociations en cours. Et d'autres entreprises nationalisées, dans la communication ou l'électricité, pourraient être tentées de mettre des bâtons judiciaires dans les roues de la «révolution» socialiste.