mercredi, décembre 12, 2007

Chavez essuie sa première défaite électorale

Chavez essuie sa première défaite électorale

Ivan Erhel Caracas

La réforme constitutionnelle du président visant à fonder un Etat socialiste a été rejetée par référendum avec 50,7% de non.

C'en est fini de l'invincibilité électorale d'Hugo Chavez, lui qui a remporté neuf consultations populaires en neuf ans, en augmentant à chaque fois son score, jusqu'à être réélu président l'année dernière avec près de 63% des voix. Jusqu'à 4heures du matin, plusieurs centaines de personnes ont fêté la victoire place Altamira à Caracas, le fief des opposants à Chavez. Carlos, 59 ans, se sent soulagé: «Je suis venu féliciter les étudiants qui, plus que les partis traditionnels, ont mené la bataille pour nous sauver du communisme!» Avec 44% d'abstention, c'est une courte victoire qui ne garantit pas à l'opposition une victoire lors des prochaines élections. Mais pour Lisa, 20 ans, un drapeau noué autour du cou «c'est une victoire historique!»

Malgré quelques incidents sans gravité et quelques entorses aux règles établies par le Conseil national électoral (CNE), notamment de la part des militaires du «Plan République», censés garantir l'impartialité du vote, le scrutin lui-même s'est déroulé de façon normale, dans ce pays où la politique est devenue une seconde nature pour ses habitants.

Dimanche, dès 4heures du matin, des haut-parleurs géants réveillaient les électeurs au son du clairon pour les inciter à aller voter tôt. A 6heures, des queues se formaient devant les bureaux de vote. Malgré les sondages qui donnaient le non vainqueur, les anti-Chavez faisaient part de leur pessimisme, à l'image de Roberto, farouche opposant de 45 ans: «J'espère qu'il n'y aura pas de fraude. Je suis sûr que le monarque va imposer sa décision et que le CNE va prétendre que le oui l'emporte d'une courte tête!»

Du côté des politiques, l'ambiance était plus sereine. Au fil des élections, l'opposition a obtenu des garanties sur la transparence du vote. D'une part, ils ont des témoins à chaque table de chaque bureau de vote, d'autre part, ils ont le droit de vérifier manuellement 56% des votes électroniques. Quelques heures après la fermeture des bureaux vers 17heures, ils avaient donc une idée précise des résultats. Les heures qui suivirent furent quelque peu surnaturelles. Tout le monde pouvait voir les mines déconfites des partisans du président Chavez et les mines radieuses des opposants, sans pour autant pouvoir affirmer que le non l'avait emporté. A minuit, Ismaël Garcia, président du parti Podémos, proche du gouvernement mais qui s'est opposé à la réforme, a exigé que le CNE révèle ce que tout le monde savait sans pouvoir le révéler. La tension a été à son maximum une demi-heure plus tard lorsque les observateurs de l'opposition ont été expulsés manu militari du CNE. Tout le monde a alors cru qu'une fraude magistrale se préparait, et les tenants du non ont appelé leurs partisans à «descendre dans la rue défendre leur vote».

mardi, décembre 11, 2007

«Le non au référendum n'est pas un rejet de la Révolution»

   BENITO PEREZ    

SolidaritéVENEZUELA - De passage en Suisse, Maurice Lemoine a analysé les causes du premier échec de Chávez dans les urnes. 
L'échec de la réforme constitutionnelle1 au Venezuela marque-t-elle le déclin de la Révolution? Le Comité bolivarien de Suisse a fait salle comble mercredi 5 décembre, à Genève, où une centaine de personnes s'étaient données rendez-vous pour écouter Maurice Lemoine, trois jours à peine après la première défaite électorale d'Hugo Chávez. Un revers qui a «surpris» le rédacteur en chef du Monde diplomatique, mais que cet analyste réputé de l'Amérique latine interprète comme une demande de «pause dans le processus révolutionnaire» et non comme un désaveu du gouvernement. 
Livrant une analyse à chaud «qu'il conviendra de confirmer par une enquête de terrain», M. Lemoine estime que la réforme constitutionnelle a été victime du double impératif contradictoire inhérent à une révolution démocratique. Nécessité, d'une part, d'accélérer les changements structurels –«on ne peut mobiliser un peuple durant quarante ans»– et, d'autre part, de persuader la majorité de suivre un modèle socialiste encore en phase de définition. Une pédagogie qui exige du temps et de la patience, pas toujours en phase avec les urgences révolutionnaires. 
Paradoxalement, Maurice Lemoine perçoit ce modèle de pédagogie politique dans l'émission télévisée hebdomadaire «Aló Presidente!», qui permet depuis des années à Hugo Chávez d'expliquer les principes et les normes contenus dans la Constitution bolivarienne en vigueur depuis 1999. «Les Vénézuéliens la connaissent désormais par coeur et ils y sont très attachés», assure M. Lemoine. Du coup, toucher à la bicha –surnom donné par les Vénézuéliens à leur Constitution– n'était pas un acte anodin. Selon l'analyste, certains partisans de Chávez auraient vu d'un mauvais oeil la modification de cet élément central de la Révolution par «des dispositions parfois très complexes, voire embrouillées». Ainsi la dénommée «nouvelle géographie du pouvoir», qui devait permettre à l'exécutif de créer de nouvelles entités régionales sans dissoudre les anciennes. «Je ne suis pas plus bête qu'un autre mais moi-même je n'ai pas compris certains passages de la réforme...», admet le journaliste. En ce sens, M. Lemoine relève la responsabilité du Parlement qui a ajouté une trentaine de nouveaux articles à ceux prévus à l'origine par le président, rendant encore moins lisible la réforme. «Le pouvoir a oublié que les Vénézuéliens ne se mobilisent que sur des choses concrètes», remarque l'analyste. Du coup, si l'opposition n'a eu aucun mal à faire le plein des voix anti-Chávez, une partie des électeurs du président se sont, eux, réfugiés dans l'abstention... 
Ces erreurs stratégiques, le rédacteur du Diplo les attribue en partie à la «personnalité écrasante» du chef de l'Etat. «Chávez a acquis une telle dimension qu'il n'est plus entouré que de courtisans. Personne n'ose lui tenir tête», juge-t-il. A cela s'ajoute le mécontentement d'une partie de la base face à la bureaucratie du Parti socialiste unifié (PSUV), mais aussi face à la corruption. Une plaie endémique que la croissance des services publics rend «encore plus dangereuse», analyse M. Lemoine. 
En définitive, le journaliste estime que la défaite du 2 décembre pourrait se révéler positive, si elle rendait le pouvoir «moins euphorique» et surtout «moins arrogant». «Hugo Chávez manque de culture du dialogue. Qualifier de traîtres tout ceux qui critiquaient la réforme n'a pas aidé.» Cela dit, M. Lemoine juge «normale» la cassure entre Chávez et certains de ses alliés historiques, comme le général Baduel ou les centristes de Podemos, «prix de la radicalisation du processus.» Pour être réellement salutaire, ce «coup d'arrêt» devrait désormais être mis à profit pour «solidifier les acquis»: «Beaucoup de Vénézuéliens ont le sentiment que les réformes sont menées de façon brouillonne, qu'une certaine désorganisation persiste. Ils se sont peut-être dit qu'il fallait améliorer l'existant avant de passer à une autre phase.» Maurice Lemoine prend l'exemple des Mercals, ces magasins subventionnés appréciés des plus pauvres, mais dont les étals ne sont pas toujours garnis, car leurs fournisseurs préférent vendre aux plus offrants... A l'instar de ces chavistes sceptiques devant la réforme, le journaliste français pense que plusieurs des propositions d'Hugo Chávez trouveraient mieux leur place dans de simples lois. Ainsi la baisse de la durée du travail ou le rattachement de la Banque centrale à l'exécutif. «Je n'ai aucune inquiétude sur la poursuite du processus», glisse M. Lemoine. «Les Vénézuéliens n'ont pas renoncé à la Révolution, même si certains ont jugé qu'un temps de réflexion était nécessaire.» 
Une analyse, semble-t-il, partagée par Chávez lui-même. Au soir du vote, le président a admis que ses compatriotes n'étaient «pas encore mûrs» pour le socialisme. Tout en glissant un «por ahora» («pour l'instant») très symbolique, puisqu'il paraphrase son discours prononcé après l'échec de la révolte militaire de 19922. En guise d'avertissement: Hugo Chávez ne renonce jamais! 
Note : 1 Les deux blocs constitutionnels proposés ont été rejetés par 50,65% et 51,01% des voix. 
2 «Lamentablemente, por ahora, los objetivos que nos planteamos no fueron logrados en la ciudad capital» («Malheureusement, pour l'instant, les objectifs (militaires, ndlr) que nous nous étions fixés n'ont pas été atteints dans la capitale»), avait-il déclaré à la télévision pour demander aux autres insurgés de rendre les armes. Cette intervention avait lancé sa popularité et conduit à son élection six ans plus tard.


mardi, décembre 04, 2007

Penser l'après Chavez

Venezuela: penser l'après-Chávez

Paru le Mardi 04 Décembre 2007 
   BENITO PEREZ    

International
Pari perdu pour Hugo Chávez. La réforme constitutionnelle voulue par le président vénézuélien a été rejetée dimanche de justesse par le peuple. Le choc est rude, après neuf années de faciles victoires électorales. A peine un an après sa réélection jusqu'en janvier 2013, Hugo Chávez avait choisi de rejouer son va-tout dans les urnes. Disposant d'une écrasante majorité au Parlement, le président aurait pu avancer gentiment – de loi en loi – vers son modèle de socialisme démocratique «du XXIe siècle». Mais s'attendre à une telle stratégie, c'était méconnaître le personnage, ses ambitions politiques et l'idée qu'il se fait d'une fonction présidentielle organiquement liée au peuple. Dans un vaste «paquet» constitutionnel, Hugo Chávez avait rassemblé une série de mesures qui visaient autant à institutionnaliser son bilan passé («Missions»[1], nationalisations, coopérativisme) qu'à mener de nouveaux projets ambitieux, tels que l'instauration d'une protection sociale universelle ou l'obligation pour l'Etat d'assurer la sécurité alimentaire. La réforme prévoyait en outre de diffuser le pouvoir à la base – les Conseils communaux participatifs – et, parallèlement, de renforcer les prérogatives de l'exécutif national. Habitués aux référendums, les Suisses savent à quel point l'élaboration de ce type de «paquet ficelé» est périlleuse. Additionnant les oppositions sectorielles à celles de la droite, la réforme proposée par Hugo Chávez a également suscité des doutes chez certains de ses électeurs habituels. La hausse de l'abstention (44%, contre 25% en 2006) témoignerait de ce scepticisme face aux nouveaux pouvoirs qui devaient être conférés au chef de l'Etat ainsi qu'à sa possible réélection jusqu'en 2020. De ce point de vue, l'échec de dimanche pourrait paradoxalement offrir une nouvelle dynamique au camp bolivarien. A moins qu'elle ne s'entête à instaurer la réélection illimitée, la gauche vénézuélienne est appelée à se réinventer hors de sa figure tutélaire. Les difficultés ne manqueront pas, dont le risque de voir les cinq dernières années du mandat d'Hugo Chávez tourner à la guerre de succession, mais l'enjeu en vaut la peine. L'autre crainte serait de voir un gouvernement, apeuré par l'échec, geler les projets les plus radicaux de sa réforme constitutionnelle. S'ils devaient être réactivés, le passage à la journée de travail de six heures ou l'expropriation des grandes propriétés terriennes, par exemple, se heurteront à une opposition requinquée et à la difficulté de «lire» la volonté populaire derrière le rejet du «paquet» constitutionnel... Mais, là aussi, la prise de risque est nécessaire: toute stagnation du processus bolivarien signifierait un recul de l'espoir populaire qui le porte. La mission n'est de loin pas impossible. Car si elle a remporté sa première victoire dans les urnes, l'opposition vénézuélienne en sort paradoxalement affaiblie. Son principal fonds de commerce est plus qu'entamé: qui pourra encore décemment croire qu'un président élu démocratiquement qui reconnaît une défaite électorale est un dictateur? 
Note : [1] Affectation des revenus pétroliers à des projets sociaux, éducatifs et sanitaires.

lundi, décembre 03, 2007

VENEZUELA. Chávez à vie? C'est non

VENEZUELA. Chávez à vie? C'est non

Le président vénézuélien a immédiatement reconnu le rejet par les électeurs de la réforme constitutionnelle qui devait lui donner encore plus de pouvoirs. La presse d'opposition se réjouit de cette première défaite en neuf ans de pouvoir.

vendredi, novembre 30, 2007

La démocratie vénézuélienne n'est pas en danger

La démocratie vénézuélienne n'est pas en danger

Paru le Vendredi 30 Novembre 2007 
   BENITO PEREZ    

International
Peu avant la disparition de la IVe République française, qui allait déboucher sur un renforcement constitutionnel des pouvoirs présidentiels, Charles de Gaulle avait manié l'ironie pour apaiser les craintes d'un journaliste sceptique: «Croit-on qu'à 67ans je vais commencer une carrière de dictateur?» avait rabroué l'ancien militaire, avec son légendaire sens de la formule. Mais, en 1958, le général français était bien loin d'affronter la quasi-totalité de la médiacratie internationale, qui instruit aujourd'hui le procès d'Hugo Chávez et de sa réforme constitutionnelle. 
Pour les adversaires du président vénézuélien, la Charte fondamentale proposée ce dimanche en référendum serait la «preuve» enfin révélée du caractère «dictatorial» qu'ils prêtent depuis des années à Hugo Chávez. Si la réforme était acceptée, assurent-ils, le chef de l'Etat vénézuélien concentrerait des pouvoirs semblables à ceux de son ami cubain Fidel Castro. «Un modèle d'Etat socialiste, marxiste-léniniste, étatiste est contraire à la nature de l'être humain parce qu'il établit la domination absolue de l'Etat, restreint la liberté personnelle et la liberté religieuse, et cause une très grave détérioration de l'économie, provoquant une pauvreté généralisée», avertit par exemple la Conférence épiscopale vénézuélienne. 
On frémit. Pourtant, en épluchant les soixante-neuf nouveaux articles mis au suffrage, on ne trouve guère d'indices de la «dictature du prolétariat» annoncée. A contrario, le nouvel article115 définit et garantit expressément la propriété privée au même rang que trois autres types de possession (sociale, publique et collective)... 
Le fonctionnement des institutions n'est pas davantage bouleversé. L'exécutif voit certaines de ses attributions renforcées, notamment en matière de gestion territoriale ou d'état d'urgence, dont l'application est élargie, afin de répondre à des tentatives de déstabilisation comme celles subies en 2002 et 2003. Mais on note aussi un processus de décentralisation du pouvoir, avec la création d'institutions communales participatives. Autre avancée démocratique: le retour de la Banque centrale dans le giron des pouvoirs publics. 
Quant aux «libertés personnelles» invoquées par les évêques, elles semblent particulièrement choyées. La nouvelle Constitution prévoit ainsi de réduire la journée de travail de huit à six heures à l'horizon 2010 et d'instaurer une protection sociale au bénéfice des travailleurs indépendants, soit la majorité des actifs. Des dispositions attendues avec impatience par la population et qui expliquent certainement les difficultés des anti-Chávez à faire campagne sur le texte soumis au vote. A une exception: le très symbolique article230 qui allonge le mandat présidentiel à sept ans et ouvre la possibilité, pour un sortant, de se représenter devant les électeurs. 
«Présidence à vie» déguisée, accuse l'opposition, relayée avec force par les médias internationaux. En particulier en Europe, quand bien même une dizaine de pays du Vieux-Continent connaissent la non-limitation du nombre de mandats –à l'instar de la France– sans pour autant disposer d'un référendum révocatoire comme au Venezuela... 
Il est particulièrement pathétique de voir les commentateurs politiques d'outre-Jura «s'inquiéter» dans une belle unanimité qu'un président «autoritaire» et «populiste[1]» «conduise son pays avec le doigté habituel des dictateurs[2]», alors qu'il soumet un changement constitutionnel au référendum populaire. Des médias qui, en même temps, saluent la volonté de Nicolas Sarkozy de faire adopter par la seule Assemblée nationale une Constitution européenne rejetée il y a deux ans par le peuple français... 
Que le processus de transformations sociales mené au Venezuela provoque des réactions à la mesure des enjeux et de la personnalité impulsive d'Hugo Chávez n'a rien d'étonnant. Mais l'outrance de la critique disqualifie ceux qui la portent. Une remarque qui vaut également pour Hugo Chávez, dont les diatribes assénées à ses adversaires («traître», «diable», fasciste»...) contribuent aussi à figer le débat autour de positions caricaturales. 
C'est d'autant plus regrettable que l'option prise par le leader socialiste de renforcer les pouvoirs présidentiels afin d'accélérer ou, au besoin, de défendre «sa» Révolution aurait mérité un vrai débat critique au sein du camp progressiste, au Venezuela comme à l'étranger. Pour notre part, cette concentration des pouvoirs ne nous paraît ni souhaitable ni nécessaire. Pas plus que de rendre le projet bolivarien d'émancipation populaire dépendant d'un seul homme, fût-il Hugo Chávez. 
[1]Le Monde du 20 novembre. 
[2]Le Figaro du 23 novembre.

dimanche, novembre 25, 2007

VENEZUELA. Ce qui a changé en neuf ans

VENEZUELA. Ce qui a changé en neuf ans

Hugo Chávez dirige le pays depuis le 2 février 1999. L'écrivain colombien Héctor Abad Faciolince s'est rendu à Caracas pour tenter de comprendre cette société en transition.

samedi, novembre 24, 2007

«L'impression de recouvrer sa dignité»

«L'impression de recouvrer sa dignité»

Paru le Samedi 24 Novembre 2007 
   Propos recueillis par BPZ    

Solidarité


Les altercations entre Hugo Chávez, Daniel Ortega et les dirigeants espagnols et le peu d'entrain des autres gouvernants latinos à défendre l'Espagne signifient-elles un changement majeur dans les relations ibéro-américaines?

Assurément. Mais la situation n'est pas figée. La plupart des alliés de Chávez, comme la Bolivie ou le Nicaragua, tiennent un double discours, car ils ont besoin du Venezuela, mais ne veulent pas être enfermés dans un «axe du mal». Reste que même les attitudes de «neutralité bienveillante» de l'Argentine et du Brésil montrent une volonté d'indépendance inédite. 


Comment l'incident a-t-il été ressenti en Espagne?

Différemment selon que l'on soit, comme moi, en Catalogne ou à Madrid, où l'alignement sur la monarchie a exacerbé les réactions. La mauvaise image de Chávez relayée par les médias a aussi joué un rôle. Mais globalement, les Espagnols ont surtout été surpris par ce qu'ils considèrent comme un manque de reconnaissance: «Comment peuvent-ils se plaindre que nos entreprises aillent développer leurs pays?», se disent-ils. Il faut comprendre que les Espagnols ont une profonde méconnaissance des agissements de leurs entreprises en Amérique. La plupart sont d'anciennes régies publiques, dont la petite et moyenne bourgeoisie a acquis des parts lors des privatisations. Des entreprises «proches» des gens et dont l'image est d'autant plus positive qu'il est rare que les médias parlent des problèmes qu'elles rencontrent à l'étranger. Par exemple, nos travaux sont systématiquement censurés. Les journalistes subissent la pression d'un capital espagnol fortement imbriqué, y compris celui des médias, où toute critique d'une entreprise touche à un large panel d'intérêts... 


Et la population latino-américaine?

J'ai eu l'écho de nombreuses réactions de fierté. L'impression de recouvrer sa dignité: s'affronter au roi de la puissance coloniale lors d'un sommet aussi connoté – style Commenweath – c'est hautement symbolique! 

mercredi, novembre 21, 2007

Chavez le médiateur

Bogota ruine la médiation de Chavez pour les otages

Le président Uribe estime que l'affaire trop médiatisée profite aux FARC.
NOUVELLES INTERNATIONALES jeudi 22 novembre 2007

Le gouvernement colombien met fin à la médiation de Chavez

Le gouvernement colombien a décidé de mettre un terme à la médiation du président du Venezuela Hugo Chavez sur un échange d'otages détenus par les FARC (guérilla marxiste) contre des guérilleros prisonniers, selon un communiqué de la présidence.
INTERNATIONAL mercredi 21 novembre 2007

L'offensive diplomatique d'Hugo Chavez

En tournée à l'étranger, le président tente de redorer son blason au Venezuela.
INTERNATIONAL mercredi 21 novembre 2007

Le plan de Chavez pour libérer Betancourt

Le président vénézuélien entend aller chercher l'otage des FARC dans la jungle. Il a menacé Bush d'un baril à 200 dollars.

samedi, octobre 06, 2007

Donner le pouvoir au peuple» mais en préservant Hugo Chávez

   PROPOS RECUEILLIS PAR SERGIO FERRARI ET    

SolidaritéVENEZUELA - Le parlementaire vénézuélien Iván Lugo Rodríguez a parcouru la Suisse pour défendre un projet de réforme constitutionnelle visant à décentraliser le pouvoir. Le député évoque également un autre point controversé: la réélection présidentielle. 
Jusqu'au 2 décembre 2007, le Venezuela va connaître une conjoncture d'une intensité particulière. C'est en effet ce jour-là qu'aura lieu le référendum par lequel les citoyens s'exprimeront à nouveau dans les urnes sur la réforme de la Constitution nationale. Pour l'opposition – qui s'est auto-exclue de la vie politique, par son boycott des dernières élections législatives de 2005 – c'est une occasion en or pour se prononcer contre le processus en marche. Pour les forces pro-gouvernementales, ce référendum constitue une nouvelle occasion pour confirmer le cours de leur «révolution bolivarienne». Une réalité politique analysée par Iván Lugo Rodríguez, député à l'Assemblée nationale de la République bolivarienne du Venezuela, avocat et producteur agricole, lors de sa visite en Suisse la semaine dernière. 


Vous êtes très engagé en faveur de la réforme constitutionnelle en cours. Votre engagement politique est pourtant récent.

Effectivement, je ne m'étais jamais impliqué auparavant dans l'un ou l'autre des partis traditionnels1, en qui je n'avais aucune confiance. Mon activité se déroulait dans des associations agraires, vu que j'étais – et que je suis toujours – producteur agricole. Lors de l'arrivée au pouvoir du président Hugo Chávez, j'ai pensé qu'il s'agissait d'une grande occasion pour changer fondamentalement les institutions et la logique politique traditionnelle. Ma tâche de député est chaque jour plus enthousiasmante: l'échange avec les gens et avec les communautés, avec qui nous sommes en contact permanent. Je crois profondément à ce que nous appelons le «parlementarisme de rue»: la consultation, le contact constant, les comptes rendus à la base. Bref, la richesse de ce processus en marche qui s'exprime aujourd'hui par le projet de réforme de la Constitution. 


Pourquoi réformer une Constitution qui n'a que huit ans?

Nous n'allons pas tout bouleverser. Moins du 10% de l'actuelle Constitution va être modifié: 33 articles sur 350. Ce texte, pour nous, est comme un joyau. Mais nous nous sommes aperçus qu'il fallait encore le polir dans un but bien précis: l'intégration des bases populaires. 


Concrètement?

Le projet de réforme institue un pouvoir populaire, permettant de compléter et d'approfondir la loi sur les Conseils communaux, approuvée l'année passée et qui implique la population dans la gestion des ressources locales. Ces structures ont donné d'excellents résultats. Les fonds dégagés par l'Etat ont été mobilisés par les habitants pour de nombreux projets sociaux, dont la construction de maisons pour les nécessiteux. Il existe aujourd'hui 32 000 Conseils communaux, nous en espérons 50 000 à la fin de l'année. La réforme constitutionnelle doit permettre de les articuler entre elles et avec toutes les instances de pouvoir national, régional et local. A terme, les Conseils pourraient gérer 10% du budget national. 


Quel statut aura ce pouvoir populaire?

Celui de sixième pouvoir, avec l'exécutif, le législatif, le judiciaire, l'électoral et le moral. Ce sera un 6e pilier de notre structure institutionnelle. Et pour être le pouvoir du peuple, il devra devenir à court terme le premier pouvoir au niveau national. 


L'opposition affirme que cette nouveauté a surtout pour but d'en camoufler une autre: l'autorisation de la réélection présidentielle...

La réélection est un des articles à modifier. Je pense que quelqu'un qui fait bien son travail doit avoir le droit de le poursuivre. Il ne s'agit pas d'une «réélection indéfinie», comme le dit l'opposition. Cela donne l'impression d'un mandat non défini. Nous parlons d'«élection continue»: le peuple conserve toujours la souveraineté, et les élections restent le moyen essentiel par lequel il se prononce. De nombreuses nations du monde – y compris en Europe – appliquent ce concept. Et n'oublions pas qu'il existe au Venezuela la possibilité d'organiser un référendum de révocation du président, dès la mi-mandat, si 15% des électeurs le demandent. 


Cette mesure donne quand même l'impression que la Révolution bolivarienne ne pourrait se maintenir sans son leader...

Je ne suis pas d'accord. Le processus ne se limite pas à Hugo Chávez, il lui survivra. Mais j'insiste, je suis convaincu que c'est un droit du peuple de définir qui va le gouverner. 


Quel processus institutionnel devra suivre la réforme?

Le projet a été présentée le 15 août 2007 par le gouvernement. L'Assemblée nationale a tenu une première discussion sur l'exposé des motifs, le 20 août. Une deuxième discussion s'est tenue au mois de septembre pour analyser les titres et les chapitres. Et, pour finir, une troisième discussion se déroulera du 15 octobre au 1er novembre, pour discuter chaque article avec toutes les propositions et objections issues de la participation populaire au «parlementarisme de rue». Enfin, le 2 novembre, le projet sera transmis au Conseil national électoral, chargé de convoquer pour le 2 décembre, un mois plus tard, le référendum. Ce n'est donc pas l'Assemblée qui va décider, mais le peuple qui se prononcera à nouveau dans les urnes. 


Y a-t-il eu aussi un type de consultation populaire directe?

Dans le cadre du «parlementarisme de rue», nous avons créé une «salle de réunion» à l'échelle nationale, ainsi que dans chacun des vingt-quatre Etats. Il existe aussi un groupe de facilitadores (promoteurs). A l'origine furent formées 200 personnes, qui en ont formé d'autres dans chaque Etat. Aujourd'hui, 80 000 promoteurs visitent chaque maison pour expliquer le projet de réforme et écouter l'opinion des gens. Tout ce travail sera pris en compte lors de la troisième session du parlement. 


L'opposition – absente du parlement dont elle avait boycotté l'élection de 2005 – peut-elle s'exprimer dans ce processus?

Elle le fait durant la consultation des «salles de réunion» et aussi dans la presse dont elle continue à contrôler la majorité. Sa position politique actuelle est très particulière. Je me souviens bien que cette même opposition avait rejeté la nouvelle Constitution adoptée en 1999. Maintenant, paradoxalement, elle la considère comme la meilleure et s'oppose à sa réforme. C'est très significatif d'un état d'esprit politique... 


Que se passera-t-il le 3 décembre si une majorité du peuple rejetait cette réforme?

Nous respecterions la volonté du peuple. Mais, très honnêtement, je ne crois pas que les gens s'opposeront à des réformes qui leur bénéficient directement. Au Venezuela, le peuple a cessé de se sucer le doigt. Il n'est plus un petit enfant. Il vit une nouvelle ère politique et participative. I 
Note : *Avec la collaboration de Bernard Borel et Hans-Peter Renk 
1De 1958 à 1998, alternaient à la présidence le COPEI (démocrate-chrétien) et Action démocratique (social-démocrate).

mercredi, juillet 11, 2007

Les faux amis du Venezuela

Les faux amis du Venezuela

Paru le Mercredi 04 Juillet 2007 
   BENITO PEREZ    

International
Les ennemis de mes ennemis sont-ils des amis? La tournée que vient d'achever Hugo Chávez en Iran, après avoir visité la Russie et la Biélorussie, illustre cet indémodable principe du jeu d'échecs diplomatique. Confronté à l'hostilité du bloc occidental, le président vénézuélien tisse inlassablement sa toile «anti-impérialiste». Il en est à sa sixième visite à Téhéran en huit ans! 
La stratégie ne manque pas de raison(s). Avocat ardent d'un monde multipolaire, M.Chávez sait que l'indépendance réelle du Venezuela passe par des alliances tous azimuts. Ainsi, sur le plan militaire, où le pays subit un embargo de fait depuis que les Etats-Unis ont interdit ce commerce à leurs alliés. Moscou n'a pas ces préventions. 
Sur le plan économique, le Venezuela –qui ambitionne de relier l'Amérique du Sud par un gazoduc géant– mise gros sur l'expérience des entreprises russes. Quant à l'Iran, il représente un réel appui au sein de l'OPEP, le cartel des pays producteurs de pétrole, que M.Chávez s'efforce de revivifier. Le maintien de prix élevés est une condition sine qua non à ses ambitions sociales et diplomatiques. 
A plus long terme, l'antagonisme avec les Etats-Unis, principaux importateurs de brut vénézuélien, oblige Caracas à explorer des alternatives. A travers l'Iran et la Russie, Hugo Chávez lorgne vers l'Asie. Désireux de sortir de la monoculture pétrolière, il trouve aussi à Téhéran un partenaire industriel. Bientôt, il espère que l'Iran lui permettra de développer une industrie nucléaire civile, ce que l'Occident lui refuse. 
Alors? Au risque de paraître naïf, on se dit que la raison d'Etat est parfois bien déraisonnable. Emporté par sa défiance viscérale vis-à-vis des Etats-Unis, M.Chávez n'hésite pas à muer ses échanges stratégiques en alliances politiques. «L'axe de l'unité», disait-on lundi à Téhéran... 
Et là, on ne suit plus. Passe encore qu'il défende le droit des Iraniens à se doter du nucléaire, mais que diable a-t-il besoin d'encenser les «valeurs» de la réactionnaire «Révolution islamique» ou de qualifier de «compagnon de lutte» le sinistre antisémite Mahmoud Ahmadinejad? Entendre Hugo Chávez dénoncer l'invasion étasunienne au côté de celui qui ne cesse d'alimenter la guerre civile en Irak n'est pas la meilleure façon de défendre une vision pacifiste des relations internationales. 
De même, on aurait aimé entendre M.Chávez faire son traditionnel plaidoyer en faveur de la «souveraineté des peuples» à Vladimir Poutine, le bourreau de la Tchétchénie... On peine enfin à comprendre que le promoteur du socialisme du XXIe siècle sorte de l'isolement l'autocrate biélorusse Alexandre Loukachenko... 
Fragile îlot de progressisme, le Venezuela d'Hugo Chávez a de nombreux mérites, dont celui d'avoir su réhabiliter l'action politique. Il l'a fait à domicile, en réorientant les richesses vers ceux qui en avaient besoin. Mais aussi dans ses relations internationales, qu'il a voulues frappées du sceau de la solidarité. En témoignent son soutien à de petits Etats pauvres (Haïti, Jamaïque, etc.) et la création de l'Alternative bolivarienne (ALBA). 
Mais à force de vouloir jouer dans la cour des grands, les principes qui ont fait le prestige de la Révolution bolivarienne paraissent de plus en plus à géométrie variable. Pourquoi prêter main forte aux plus marginalisés en Amérique, et servir la soupe à leurs oppresseurs outre-Atlantique? La force, en politique, n'est pas qu'un rapport de puissance. C'est aussi une affaire de valeurs et de cohérence.

lundi, juin 11, 2007

«Le pluralisme des médias progresse au Venezuela»

   PROPOS RECUEILLIS PAR BENITO PEREZ    

SolidaritéPOLÉMIQUE - Etats et médias occidentaux ont dénoncé le non-renouvellement de la concession de Radio Caracas Television (RCTV) comme une violation de la liberté d'expression. De retour du Venezuela, le critique des médias Michel Collon conteste. Et il n'est pas le seul. 
Les supposés penchants autoritaires d'Hugo Chávez enfin mis à jour? La décision du gouvernement vénézuélien de ne pas renouveler la concession hertzienne attribuée en 1987 à Radio Caracas Television (RCTV) –la chaîne est accusée d'avoir encouragé le putsch de 2002– a déclenché une véritable tempête médiatico-politique. Au concert de critiques émanant de l'opposition vénézuélienne –dont RCTV était l'un des canaux principaux– s'est ajoutée une mobilisation internationale peu commune. Depuis deux semaines, médias internationaux mais aussi institutions publiques fustigent la «fermeture» de la plus ancienne et la plus regardée des chaînes vénézuéliennes. L'affaire a pris une telle tournure que, la semaine dernière, le Parlement puis la présidence de l'Union européenne se sont sentis obligés d'imiter le Sénat étasunien qui avait consacré une séance à débattre du cas de RCTV. A l'unanimité, la Chambre haute des Etats-Unis a accusé Caracas d'avoir «transgressé la liberté de pensée et d'expression». Plus prudents, les élus européens ont rappelé leur attachement au «droit de la presse de jouer son rôle de contre-pouvoir». 
Lundi, à Panama, devant l'Organisation des Etats américains, c'était au tour de la ministre des Affaires étrangères US, Condoleezza Rice, de dénoncer une «mesure forte contre la démocratie»... 
Le lendemain, Reporters sans frontières (RSF) publiait un «rapport de mission» (lire aussi ci-contre) s'inquiétant de la volonté d'«hégémonie médiatique» du pouvoir. «En procédant à la fermeture de RCTV et surtout à la saisie de son matériel au bénéfice de TVes (la future chaîne publique qui reprendra le canal hertzien libéré, ndlr), Hugo Chávez a étoffé son emprise sur le dernier bastion qui lui tenait tête: les médias.» L'ONG annonce son intention de saisir du dossier le Conseil des droits de l'homme. Rien de moins!


Rééquilibrage public-privé

De retour il y a dix jours du Venezuela, le journaliste et analyste des médias Michel Collon rit jaune face à cet activisme libertaire: «A les entendre, on croirait qu'il n'y a plus qu'une chaîne d'Etat au Venezuela! C'est oublier que les TV privées Globovision, Televen et Venevision1 conservent leurs concessions hertziennes.» 
Surtout, le médiologue belge défend le droit de l'Etat vénézuélien de mener une politique audiovisuelle active. En cela, il voit d'un bon oeil la création, au côté des trois chaînes privées, du canal public généraliste VTV et de la culturelle ViveTV, de la future chaîne publique et populaire TVes. Pour Le Courrier, l'auteur d'Attention Médias! 2 décrypte les enjeux de l'affaire RCTV et brosse le portrait du quatrième pouvoir au Venezuela. 


La presse française a décrit lafermeture de RCTV comme une atteinte au pluralisme des médias. Qu'en pensez-vous?

Michel Collon: D'abord, une précision: RCTV n'a pas été fermée. Sa concession hertzienne, qui arrivait à échéance le 27 mai 2007, n'a pas été renouvelée; RCTV peut continuer d'émettre sur le câble et le satellite. Au Venezuela, les gens des classes moyennes ont tous accès au câble, et même dans les quartiers populaires, on sait s'organiser pour le pirater. 
Ensuite, faire passer RCTV pour la dernière télévision d'opposition, comme l'ont fait les journaux français, relève du pur mensonge. Lorsque l'on dit que parmi les chaînes privées qui demeurent sur les ondes hertziennes, certaines n'ont pas une couverture nationale, on oublie de préciser qu'il en est de même dans le secteur public... 
En réalité, le paysage audiovisuel vénézuélien est écrasé par les grands groupes privés qui dominent 85% de la couverture. Ces télévisions sont toutes aux mains de milliardaires – tel Gustavo Cisneros, le grand ami de George Bush – qui ont participé au pillage des ressources pétrolières du pays et vouent une haine absolue à Chávez. A lui seul, le très réactionnaire propriétaire de RCTV, Marcel Granier, possède une dizaine de TV locales. Toutes ces chaînes se comportent en véritables partis politiques, leur couverture de l'info est partiale, on y retrouve toujours les mêmes sources. Le pluralisme est tout aussi faible au niveau de la presse écrite. Sur les dix quotidiens nationaux, neuf sont ouvertement opposés au gouvernement et pratiquent la même intoxication. 

Mais fait-on vraiment avancer le pluralisme en privant d'ondes un opposant aussi hargneux soit-il?

La question que pose la décision du gouvernement est celle-ci: est-il dans l'intérêt de la population que la quasi totalité des canaux hertziens –dont le nombre est techniquement limité– soit dans les mains de quelques milliardaires? Dans une société dont on tente de changer les structures, les rapports pauvres-riches, peut-on laisser le domaine médiatique à ces derniers? La réponse est évidemment non. Au-delà de la désinformation qu'elles pratiquent, ces télévisions-poubelles servent aux élites dominantes à faire passer dans la population leurs valeurs réactionnaires, individualistes, consuméristes. Elles imposent une image des rapports Nord-Sud très illusoire, comme si dans un pays pauvre, chacun pouvait adopter le mode de vie américain. Elles répandent, en outre, un modèle de violence parmi les jeunes, alors même que l'insécurité est un très grave problème au Venezuela. 
Le phénomène dépasse d'ailleurs ce pays. Partout en Amérique latine, on a des monopoles médiatiques privés qui tentent par tous les moyens de bloquer les processus sociaux et politiques en cours sur le continent. Pour l'instant, seul le Venezuela s'est employé à rééquilibrer son panorama médiatique, en assurant un certain pluralisme des sources d'information. 
Le futur défi du gouvernement consistera à faire de la nouvelle TVes une télévision de service public honnête, attractive, non élitiste mais de qualité, et ce malgré la concurrence inégale des télés privées gavées de recettes publicitaires. J'ai entendu dire que le célèbre cinéaste Román Chalbaud serait chargé de faire une telenovela de qualité pour TVes. Je pense qu'on est sur la bonne voie, celle d'une TV publique populaire. Les gens ont besoin d'autres choses que d'interviews ou de débats politiques! 

Pourquoi a-t-on précisément retiré la concession à RCTV, alors que toutes les chaînes privées ontsoutenu le putsch d'avril 2002?

RCTV a derrière elle une longue série d'infractions aux lois encadrant les médias audiovisuels3. Elle avait déjà été sanctionnée par les gouvernements qui ont précédé Hugo Chávez. Lors du coup d'Etat, RCTV a été à la pointe. Non seulement elle a appelé à renverser le président, mais elle a fabriqué des montages pour tromper la population. Et pendant les manifestations qui ont remis Chávez au pouvoir, elle diffusait des dessins animés et des séries... Après le putsch, le gouvernement a demandé aux TV de respecter les institutions démocratiques. Sans arrêter de soutenir l'opposition, les autres canaux sont devenus moins provocateurs. Pas RCTV. 


Pourquoi n'avoir pas ouvert une action judiciaire contre RCTV, plutôt que de prendre, cinq ans après, une mesure administrative?

En premier lieu, il faut souligner que cette mesure est légale. La concession était expressément limitée dans le temps, il n'y avait aucune raison de considérer son renouvellement comme une formalité. Pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas agi dès 2002? Il faudrait lui demander. Beaucoup de gens au Venezuela estiment, en effet, que Chávez aurait dû se montrer plus dur à ce moment-là. Je pense qu'il n'a pas souhaité s'en prendre aux médias. Il a ouvert le dialogue avec les propriétaires de chaînes, leur demandant de ne plus appeler à la violence. Or RCTV a toujours refusé de dialoguer avec l'Etat, même lorsque la question du renouvellement de la licence a été posée. 
Imaginez qu'en France, TF1 appelle à en finir avec Sarkozy. Ça ne durerait pas cinq minutes! Au Venezuela, ça a duré cinq ans! I 
Note : 1 Ndlr: Parmi les principales chaînes du Venezuela, Michel Collon oublie CMT. 
2Paru en 1992 aux éditions EPO, ce livre analyse la couverture, en France et en Belgique, de la guerre du Golfe. 
3Ndlr: L'administration a recensé 652 infractions entre juin et décembre 2006, allant de l'incitation à la violence à la diffusion de publicité pour l'alcool ou au non-respect des normes de programmation (violence, pornographie, quotas de production nationale, etc.)

samedi, février 17, 2007

La Bolivie et le Brésil enterrent la hache de guerre

   BENITO PEREZ    

InternationalGAZ - Un compromis sur le prix du gaz rapportera 148 millions de dollars à La Paz. La nouvelle est d'importance pour les deux pays. Le géant brésilien pèse en effet pour 20% du PIB de son petit voisin bolivien, mais dépend grandement de la livraison régulière de gaz bolivien vers ses Etats industriels du Sud. Sa multinationale Petrobras est le principal opérateur privé dans le secteur en Bolivie. L'entreprise semi-publique a immédiatement réagi à l'accord trouvé entre Brasilia et La Paz, en annonçant la reprise de ses investissements en Bolivie, gelés depuis l'annonce de la nationalisation partielle des hydrocarbures par Evo Morales. On articule des sommes allant jusqu'à 1,5 milliard de dollars. 
L'accord passé cette semaine comprend deux volets. D'une part, le quasi quadruplement (!) du prix du gaz exporté vers l'Etat du Mato Grosso et une hausse beaucoup plus modeste de celui destiné à Sao Paulo, essentiellement par la livraison de gaz de très haute qualité. Le ministre brésilien des Mines et de l'Energie a estimé la hausse globale de la facture brésilienne de 3% à 6%. En contrepartie, la Bolivie s'est engagée à remplir des quotas de production de façon stricte. 
Le dernier conflit entre les gouvernements de Lula et d'Evo Morales réside désormais dans le sort des deux raffineries boliviennes appartenant à Petrobras que La Paz souhaite nationaliser.

mercredi, février 14, 2007

Le Venezuela nationalise ses services «stratégiques»

   BENITO PEREZ (AVEC LES AGENCES)    

SolidaritéINFRASTRUCTURES - Après avoir récupéré l'électricité, l'Etat reprend pied dans la téléphonie pour réduire la fracture numérique. Le ministre vénézuélien des Télécommunications et de l'informatique, Jesse Chacón, s'est réjoui d'«avoir initié le processus de récupération de CANTV de façon transparente et à bas coût». Il a promis que, très bientôt, la société appartiendra à «tous les Vénézuéliens», ceux-ci étant appelés à «participer aux projets de développement et au contrôle citoyen de l'entreprise». Les tarifs de la nouvelle CANTV «tiendront compte de la justice et de la solidarité», a-t-il ajouté. Caracas a notamment l'ambition de développer «massivement» l'usage d'internet. Actuellement, CANTV contrôle 83% du marché national des services web et jusqu'à 70% du trafic des appels domestiques. Elle dispose également d'une solide position en matière de connectivité internationale. 
La transaction entre l'Etat et Verizon a été fixée à 572,2 millions de dollars, soit 17,85 par action, un prix inférieur de plus de 3 dollars à l'offre faite en avril 2006 par América Móvil, le groupe du magnat mexicain Carlos Slim. 
L'Etat devra encore convaincre les autres investisseurs, dont une moitié de petits actionnaires et le groupe espagnol Telefónica (6%). Depuis l'annonce le 8 janvier du plan de nationalisations, le cours de CANTV s'était effrité de près de 8%, avant de rebondir quelque peu lundi. Par le passé, le gouvernement vénézuélien avait accusé des dirigeants de CANTV d'utiliser leur position pour conspirer contre le président Hugo Chávez. Ce dernier avait notamment affirmé être sous écoute. 

samedi, février 03, 2007

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