
La championne de l’Amazonie bouscule les élections au Brésil
Venue d’une famille pauvre, devenue une icône de la défense de la forêt amazonienne puis ministre de l’Environnement, Marina Silva avait démissionné en 2008, se sentant de moins en moins appuyée par la présidence. Aujourd’hui, elle brigue ce poste pour mettre l’écologie au centre du débat politique
Marina Silva, 51 ans, ex-ministre de l’Environnement du Brésil, a créé la surprise il y a quelques jours en déclarant qu’elle envisage de se présenter à l’élection présidentielle d’octobre 2010 sous l’étiquette des Verts. Mercredi, elle a fait un premier pas dans ce sens en démissionnant du Parti des travailleurs (PT) du président actuel, Luiz Inacio Lula da Silva.
Ce geste bouscule sérieusement la campagne électorale, qui s’amorçait comme un duel entre Jose Cerra, le centriste gouverneur de l’Etat de São Paulo présenté par le Parti de la démocratie sociale brésilienne (PSDB), et Dilma Rousseff, proche conseillère du président, qui la soutient dans la course à sa succession.
L’étonnante trajectoire de Marina Silva rappelle celle de Lula. Née dans une famille pauvre cultivant des hévéas, orpheline à 16 ans et analphabète jusqu’à sa majorité, elle a vécu dans sa chair, par la mort de ses proches, les dégâts causés par la déforestation incontrôlée du poumon vert brésilien. Militante paysanne et syndicale, amie du défenseur de l’Amazonie Chico Mendes, assassiné en 1988, elle a été la plus jeune femme élue sénateur à 35 ans et a reçu plusieurs prix internationaux pour son action écologiste.
Nommée ministre de l’Environnement en 2003, Marina Silva lançait l’année suivante un plan de lutte contre la déforestation qui a réduit les dégâts d’un bon tiers entre 2006 et 2007, résultat dont le gouvernement se félicitait alors publiquement.
Mais au même moment s’élargissait le fossé entre le président Lula, sensible aux projets de développement économiques, et sa ministre de l’Environnement, qui s’opposait notamment à la construction d’une route et de deux barrages sur la rivière Madeira.
L’effet Copenhague
Quand le président Lula a confié à Dilma Rousseff, jusqu’alors ministre de l’Energie, la conduite d’un ambitieux «programme d’accélération de la croissance», il devenait clair que Marina Silva était mise sur la touche. Plutôt que d’assumer des décisions qu’elle désapprouvait, elle a démissionné en mai 2008, évoquant «la résistance rencontrée dans d’importants secteurs du gouvernement et de la société». Elle a conservé son siège de sénateur dans les rangs du PT.