L'Unasur implique le préfet dans la tuerie du Pando
Paru le Samedi 06 Décembre 2008BOLIVIE - Les enquêteurs de l'Union des nations sud-américaines (Unasur) estiment que le massacre du 11 septembre était prémédité.
Un massacre prémédité. L'enquête de l'Union des nations sud-américaines (Unasur) sur la tuerie de Porvenir est accablante pour les autorités du Pando. Dans un rapport de 66pages rendu public mercredi, la commission d'enquête dirigée par l'avocat argentin Rodolfo Mattarollo qualifie le massacre du 11 septembre de «crime contre l'humanité» et confirme que les partisans du président bolivien Evo Morales ont bel et bien été victimes d'une «attaque généralisée et systématique» menée «par traîtrise» (alevosía) et orchestrée par des fonctionnaires départementaux[1]. Les enquêteurs ont comptabilisé «au moins vingt morts» parmi les militants paysans et deux parmi les assaillants. La commission Mattarollo met aussi en exergue les «tortures» et autres «traitements dégradants» infligés par les «agents public (départementaux) ou parapublics».
A peine paru, le rapport des enquêteurs a été violemment disqualifié par l'opposition bolivienne. Partis et médias confondus l'ont jugé «partial» et «peu sérieux», car émanant d'une instance dominée par des gouvernements de gauche. Une affirmation qui fait peu de cas de la présence d'experts du Pérou, de Colombie et du Chili et de la réputation du président Mattarollo, ancien expert du Haut Commissariat de l'ONU aux droits humains.
En fait, le courroux de la droite bolivienne s'explique surtout par les conclusions peu ambiguës du rapport quant à l'implication du préfet du Pando, Leopoldo Fernandez. Cet important chef de l'opposition, incarcéré depuis plus de deux mois et demi, apparaît comme le commanditaire des violences. «[Les agresseurs] ont agi d'une façon convenant ou acceptée par le gouvernement» régional, affirme noir sur blanc la commission.
Les enquêteurs relèvent notamment que les assaillants –parmi lesquels de nombreux et importants fonctionnaires départementaux– suivaient une «chaîne de commandement». Et qu'ils ont usé de tous les «biens départementaux» nécessaires. Où que remonte cette «chaîne», la commission estime que «la responsabilité criminelle touche ceux qui avaient la connaissance et auraient pu faire cesser» les exactions.
Appelant à une coopération judiciaire avec la Bolivie, les membres de la commission internationale n'ont pas caché leur scepticisme sur investigations menées par la «très faible» justice locale. Dans une interview à la radio Erbol, Rodolfo Mattarollo a même plaidé pour sa «profonde transformation», voire sa «refondation»...