vendredi, novembre 30, 2007

La démocratie vénézuélienne n'est pas en danger

La démocratie vénézuélienne n'est pas en danger

Paru le Vendredi 30 Novembre 2007 
   BENITO PEREZ    

International
Peu avant la disparition de la IVe République française, qui allait déboucher sur un renforcement constitutionnel des pouvoirs présidentiels, Charles de Gaulle avait manié l'ironie pour apaiser les craintes d'un journaliste sceptique: «Croit-on qu'à 67ans je vais commencer une carrière de dictateur?» avait rabroué l'ancien militaire, avec son légendaire sens de la formule. Mais, en 1958, le général français était bien loin d'affronter la quasi-totalité de la médiacratie internationale, qui instruit aujourd'hui le procès d'Hugo Chávez et de sa réforme constitutionnelle. 
Pour les adversaires du président vénézuélien, la Charte fondamentale proposée ce dimanche en référendum serait la «preuve» enfin révélée du caractère «dictatorial» qu'ils prêtent depuis des années à Hugo Chávez. Si la réforme était acceptée, assurent-ils, le chef de l'Etat vénézuélien concentrerait des pouvoirs semblables à ceux de son ami cubain Fidel Castro. «Un modèle d'Etat socialiste, marxiste-léniniste, étatiste est contraire à la nature de l'être humain parce qu'il établit la domination absolue de l'Etat, restreint la liberté personnelle et la liberté religieuse, et cause une très grave détérioration de l'économie, provoquant une pauvreté généralisée», avertit par exemple la Conférence épiscopale vénézuélienne. 
On frémit. Pourtant, en épluchant les soixante-neuf nouveaux articles mis au suffrage, on ne trouve guère d'indices de la «dictature du prolétariat» annoncée. A contrario, le nouvel article115 définit et garantit expressément la propriété privée au même rang que trois autres types de possession (sociale, publique et collective)... 
Le fonctionnement des institutions n'est pas davantage bouleversé. L'exécutif voit certaines de ses attributions renforcées, notamment en matière de gestion territoriale ou d'état d'urgence, dont l'application est élargie, afin de répondre à des tentatives de déstabilisation comme celles subies en 2002 et 2003. Mais on note aussi un processus de décentralisation du pouvoir, avec la création d'institutions communales participatives. Autre avancée démocratique: le retour de la Banque centrale dans le giron des pouvoirs publics. 
Quant aux «libertés personnelles» invoquées par les évêques, elles semblent particulièrement choyées. La nouvelle Constitution prévoit ainsi de réduire la journée de travail de huit à six heures à l'horizon 2010 et d'instaurer une protection sociale au bénéfice des travailleurs indépendants, soit la majorité des actifs. Des dispositions attendues avec impatience par la population et qui expliquent certainement les difficultés des anti-Chávez à faire campagne sur le texte soumis au vote. A une exception: le très symbolique article230 qui allonge le mandat présidentiel à sept ans et ouvre la possibilité, pour un sortant, de se représenter devant les électeurs. 
«Présidence à vie» déguisée, accuse l'opposition, relayée avec force par les médias internationaux. En particulier en Europe, quand bien même une dizaine de pays du Vieux-Continent connaissent la non-limitation du nombre de mandats –à l'instar de la France– sans pour autant disposer d'un référendum révocatoire comme au Venezuela... 
Il est particulièrement pathétique de voir les commentateurs politiques d'outre-Jura «s'inquiéter» dans une belle unanimité qu'un président «autoritaire» et «populiste[1]» «conduise son pays avec le doigté habituel des dictateurs[2]», alors qu'il soumet un changement constitutionnel au référendum populaire. Des médias qui, en même temps, saluent la volonté de Nicolas Sarkozy de faire adopter par la seule Assemblée nationale une Constitution européenne rejetée il y a deux ans par le peuple français... 
Que le processus de transformations sociales mené au Venezuela provoque des réactions à la mesure des enjeux et de la personnalité impulsive d'Hugo Chávez n'a rien d'étonnant. Mais l'outrance de la critique disqualifie ceux qui la portent. Une remarque qui vaut également pour Hugo Chávez, dont les diatribes assénées à ses adversaires («traître», «diable», fasciste»...) contribuent aussi à figer le débat autour de positions caricaturales. 
C'est d'autant plus regrettable que l'option prise par le leader socialiste de renforcer les pouvoirs présidentiels afin d'accélérer ou, au besoin, de défendre «sa» Révolution aurait mérité un vrai débat critique au sein du camp progressiste, au Venezuela comme à l'étranger. Pour notre part, cette concentration des pouvoirs ne nous paraît ni souhaitable ni nécessaire. Pas plus que de rendre le projet bolivarien d'émancipation populaire dépendant d'un seul homme, fût-il Hugo Chávez. 
[1]Le Monde du 20 novembre. 
[2]Le Figaro du 23 novembre.

dimanche, novembre 25, 2007

VENEZUELA. Ce qui a changé en neuf ans

VENEZUELA. Ce qui a changé en neuf ans

Hugo Chávez dirige le pays depuis le 2 février 1999. L'écrivain colombien Héctor Abad Faciolince s'est rendu à Caracas pour tenter de comprendre cette société en transition.

samedi, novembre 24, 2007

«L'impression de recouvrer sa dignité»

«L'impression de recouvrer sa dignité»

Paru le Samedi 24 Novembre 2007 
   Propos recueillis par BPZ    

Solidarité


Les altercations entre Hugo Chávez, Daniel Ortega et les dirigeants espagnols et le peu d'entrain des autres gouvernants latinos à défendre l'Espagne signifient-elles un changement majeur dans les relations ibéro-américaines?

Assurément. Mais la situation n'est pas figée. La plupart des alliés de Chávez, comme la Bolivie ou le Nicaragua, tiennent un double discours, car ils ont besoin du Venezuela, mais ne veulent pas être enfermés dans un «axe du mal». Reste que même les attitudes de «neutralité bienveillante» de l'Argentine et du Brésil montrent une volonté d'indépendance inédite. 


Comment l'incident a-t-il été ressenti en Espagne?

Différemment selon que l'on soit, comme moi, en Catalogne ou à Madrid, où l'alignement sur la monarchie a exacerbé les réactions. La mauvaise image de Chávez relayée par les médias a aussi joué un rôle. Mais globalement, les Espagnols ont surtout été surpris par ce qu'ils considèrent comme un manque de reconnaissance: «Comment peuvent-ils se plaindre que nos entreprises aillent développer leurs pays?», se disent-ils. Il faut comprendre que les Espagnols ont une profonde méconnaissance des agissements de leurs entreprises en Amérique. La plupart sont d'anciennes régies publiques, dont la petite et moyenne bourgeoisie a acquis des parts lors des privatisations. Des entreprises «proches» des gens et dont l'image est d'autant plus positive qu'il est rare que les médias parlent des problèmes qu'elles rencontrent à l'étranger. Par exemple, nos travaux sont systématiquement censurés. Les journalistes subissent la pression d'un capital espagnol fortement imbriqué, y compris celui des médias, où toute critique d'une entreprise touche à un large panel d'intérêts... 


Et la population latino-américaine?

J'ai eu l'écho de nombreuses réactions de fierté. L'impression de recouvrer sa dignité: s'affronter au roi de la puissance coloniale lors d'un sommet aussi connoté – style Commenweath – c'est hautement symbolique! 

mercredi, novembre 21, 2007

Chavez le médiateur

Bogota ruine la médiation de Chavez pour les otages

Le président Uribe estime que l'affaire trop médiatisée profite aux FARC.
NOUVELLES INTERNATIONALES jeudi 22 novembre 2007

Le gouvernement colombien met fin à la médiation de Chavez

Le gouvernement colombien a décidé de mettre un terme à la médiation du président du Venezuela Hugo Chavez sur un échange d'otages détenus par les FARC (guérilla marxiste) contre des guérilleros prisonniers, selon un communiqué de la présidence.
INTERNATIONAL mercredi 21 novembre 2007

L'offensive diplomatique d'Hugo Chavez

En tournée à l'étranger, le président tente de redorer son blason au Venezuela.
INTERNATIONAL mercredi 21 novembre 2007

Le plan de Chavez pour libérer Betancourt

Le président vénézuélien entend aller chercher l'otage des FARC dans la jungle. Il a menacé Bush d'un baril à 200 dollars.